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updated 9:58 AM UTC, Apr 24, 2024

Le Pape préside les Vêpres pour la création

Le Pape François a présidé les Vêpres pour la création dans la Basilique Saint-Pierre ce jeudi 1er septembre. Dans la journée, à cette occasion, le Saint-Père avait envoyé un message dans lequel il avait rappelé aux hommes leur responsabilité dans la dégradation de l'environnement. C'est le père Cantalamessa, le Prédicateur de la Maison Pontificale, qui a dit l'homélie, dont voici le texte intégral:

Homélie du père Cantalamessa pour les Vêpres de prière pour la création

« Homme,  pourquoi es-tu si vil à tes yeux,  toi qui es si précieux aux yeux de Dieu ?  Puisque tu es si honoré par Dieu, pourquoi t’avilis-tu ainsi ? Pourquoi cherches-tu d’où tu viens,  au lieu d’essayer de découvrir pourquoi tu as été fait ? »[1]

Ces paroles, que nous venons d’entendre, furent prononcées par saint Pierre Chrysologue, évêque de Ravenne, au Vmè siècle après le Christ, c’est-à-dire il y a 1500 ans. Depuis ce temps là, le motif pour lequel l’homme se méprise a changé, mais le fait n’a pas changé. Au temps de Chrysologue, le motif était que l’homme est “tiré de la terre”, qu’il est poussière et qu’il retournera à la poussière (Gn 3,19); aujourd’hui, le motif du mépris est que l’homme est moins que rien dans l’immensité sans limite de l’univers.

Il y a désormais une compétition entre les scientifiques non croyants,  et c’est à qui ira le plus loin dans l’affirmation de la totale marginalité et insignifiance de l’homme dans l’univers. Monod a écrit : « L’ancienne alliance est rompue. L’homme sait enfin qu’il est seul dans l’immensité indifférente de l’univers d’où il a émergé par hasard... que son destin, son devoir n’est écrit nulle part[2] ». « J’ai toujours pensé » - affirme un autre – « que je suis un être insignifiant. Connaissant les dimensions de l’univers, je ne peux que me rendre compte à quel point je le suis réellement... Nous ne sommes qu’un peu de boue sur une planète qui appartient au soleil »[3].

Mais je ne veux pas m’arrêter sur cette vision pessimiste, ni sur les reflets qu’elle a dans la manière de concevoir l’écologie et ses priorités. Denis l’Aréopagite, au VIme siècle après le Christ, énonçait cette grande vérité : « Il ne faut pas réfuter les opinions des autres, ni écrire contre une opinion ou une religion qui ne semble pas bonne. Il ne faut écrire qu’en faveur de la vérité et non contre les autres »[4]. On ne peut absolutiser ce principe parce que parfois, il peut être nécessaire de réfuter des doctrines fausses et dangereuses ; mais il est certain que l’exposition positive de la vérité est plus efficace que la réfutation de l’erreur contraire.

Le discours de Chrysologue continue en exposant le motif pour lequel l’homme ne doit pas se mépriser lui-même :
« Toute cette maison du monde que tu vois n’a-t-elle pas été faite pour toi ?  […] C’est pour toi  que le ciel brille de l’éclat du soleil, de la lune et des étoiles.  C’est pour toi que la terre est remplie de fleurs,  de bosquets et de fruits.   C’est pour toi qu’a été crée dans l’air,  dans les champs,  dans  les cours d’eau magnifiques   une multitude admirable d’êtres vivants,  pour que la solitude d’un triste monde ne déteigne pas sur  la joie du nouveau monde ».

L’auteur ne fait que réaffirmer l’idée biblique de la souveraineté de l’homme sur le cosmos que le psaume 8 avait chanté avec non moins de souffle lyrique que l’évêque de Ravenne.

Saint Paul complète cette vision en indiquant la place qu’y occupe la personne du Christ : « le monde, la vie, la mort, le présent, l’avenir : tout est à vous, mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu » (1Cor 3,22s). Nous sommes devant un écologisme «humain », ou « humanistique », à savoir un écologisme qui n’est pas sa fin à lui-même mais en fonction de l’homme, non seulement, naturellement de l’homme d’aujourd’hui mai aussi de celui de l’avenir.

La pensée chrétienne n’a pas cessé de s’interroger sur le pourquoi de cette transcendance de l’homme par rapport au reste de la création et l’a toujours trouvé dans l’affirmation biblique que l’homme a été créé « à l’image et à la ressemblance de Dieu » (Gn 1,26).

Ce sur quoi la théologie, grâce entre autres au dialogue renouvelé avec la pensée orthodoxe, est parvenue aujourd’hui à une explication vraiment satisfaisante est de savoir en quoi consiste le fait d’être à l’image de Dieu. Tout se fonde sur la révélation de la Trinité opérée par le Christs. L’homme est créé à l’image de Dieu, dans le sens où il participe à l’essence intime de Dieu qui est d’être relation d’amour entre le Père, le Fils et l’Esprit-Saint. Saint Thomas d’Aquin définit comme « relations subsistantes » les personnes divines. Chacune d’elle n’a pas une relation l’une avec l’autre, mais elle est cette relation[5].

Seul l’homme – en tant que personne capable de relations libres et conscientes – participe à cette dimension personnelle et relationnelle de Dieu. La Trinité étant une communion d’amour, elle créa l’homme comme un « être en relation »[6]. C’est dans ce sens que l’homme est « à l’image de Dieu ».

Il est évident qu’il y a un fossé ontologique entre Dieu et la créature humaine ; cependant, par grâce (ne jamais oublier cette précision !), ce fossé est comblé, de sorte qu’il est moins profond que celui qui existe entre l’homme et le reste de la création. Affirmation très ardue, mais fondée sur l’Écriture qui définit l’homme racheté par le Christ « participant de la nature divine » (2 P 1,4).

Seule la venue du Christ, cependant, a révélé pleinement ce que signifie que d'être à l'image de Dieu. Lui, il est la parfaite «image du Dieu invisible" (Col 1:15) ; nous - disaient les Pères de l'Église - nous sommes "l'image de l'Image de Dieu», en tant que «prédestinés à être conformes à l'image de son Fils» (Rm 8, 29), créé "par lui et pour lui "(Col 1, 16), qui est le nouvel Adam[7].

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Dernière modification le mardi, 13 septembre 2016 12:15